--
Pour la
deuxième fois consécutive, Barak Obama vient d’être élu président des Etats Unis
d’Amérique. Le plus puissant état de la planète. Il devient ainsi après Bill
Clinton, le second président Américain issu du parti démocrate à passer huit
années d’affilées à la maison blanche.
L’évènement
a connu une fois encore une grosse
médiatisation. Mais,n’a pas suscité dans le monde et particulièrement en
Afrique l’enthousiasme d’il y a quatre ans. Au moment où, M. Obama briguait pour la première fois la
magistrature suprême.
En tant
qu’Africain, j’essaie de comprendre les raisons pour lesquelles cette nouvelle
élection a vu s’émousser la passion de bon nombres de mes concitoyens.
On se
souvient. Les Etats-Unis et l’Afrique du Sud sont deux pays où le racisme ou la
ségrégation raciale ont été érigés en régime de gouvernement. Les droits civiques des populations noires ont été
bafoués pendant des décennies.
On se
rappelle du Pasteur noir, Matin Lutter King,
leader et véritable défenseur des droits civiques des Afro-Américains, mort
assassiné vers la fin des années soixante.
On se rappelle encore de la mort de John Franklin Kennedy, ancien
président des États-Unis. Lui aussi, assassiné dans les années soixante. Un
homme en qui beaucoup de noirs avaient fortement confiance.
Quarante
années après, force
est de constater que beaucoup d’eaux ont coulé sous le pont, et que beaucoup de
choses ont changé dans ce pays. Les États-Unis des années cinquante et soixante,
ne sont plus les Etats-Unis d’aujourd’hui. Et, les noirs américains sont rentrés dans leurs
droits.
Au point
où un homme dont les origines africaines bien connues est pressenti aux portes
de la maison blanche. Cela, à un moment où la situation socio-économique du pays
de l’oncle Sam connaît des difficultés certaines. Et là, nous sommes à la veille des élections
de novembre deux mille huit. Jamais, un candidat marqué par des origines noires
n’a été si prêt de présider aux
destinées du plus puissant état du monde. Dans une nation où les descendants
d’Afro-américains ne représentent guère que onze pour cent de la population, M.
Barak Obama, candidat, devra compter
à tout prix sur le suffrage des
blancs.
Les
africains retiennent alors leur souffle. Presque le reste du monde aussi.
Barack Obama affrontait alors Mc Caïn, le vice-président du chef de l’état
sortant George W.Bush.
Chaque africain
dans son for intérieur souhaitait la victoire de M. Obama. Dans un combat où il
semblait être un peu comme David contre Goliath. Si Barack Obama venait à passer, ce serait
comme porter un coup à l’histoire de ce pays où la présidence semblait être
réservée à une majorité de fait : les blancs. La victoire du candidat
Obama s’il venait à passer, loin d’être une victoire africaine, serait plutôt
une victoire symbolique de la
transformation de l’impossible en possible. La victoire de la foi. Chaque africain,
chaque minorité dans le monde, en son for intérieur, dans son intimité se
disait « si M. Barack peut devenir président aux états unis alors que cela
semble à priori impossible, alors moi
aussi, je peux remporter la victoire sur mes faiblesses ». Tel pourrait
être interpréter à mon avis le premier niveau d’enthousiasme suscité et porté
par les supporter à travers le monde du candidat démocrate noir aux élections de novembre deux
mille huit.
Le
second niveau d’enthousiasme des africains viendrait du fait qu’une fois élu
président du plus puissant état de la terre, Barack Obama, en tant que
« frère naturel » du fait de l’origine de son père ne les oublierait
pas. Il en tiendrait naturellement compte et viendrait à leur secours sur tous
les plans, un peu comme Zorro assistait les plus démunis en dépossédant les
riches de leurs biens.
Quel
fantasme !
Aujourd’hui,
cela fait plus de quatre ans que M. Barack a remporté les élections de deux
mille huit. Et, chaque africain a pu faire le bilan de son mandat en tant que président. Cela fait
maintenant quelques jours que M. Obama a été élu pour quatre années encore à la
tête de l’exécutif de son pays, pourtant l’on n’a pas vu autant d’enthousiasme
de la part de ses soutiens africains comme cela avait été le cas quatre années
plus tôt.
Qu’est
ce qui a bien pu se passer de la part des supporters d’hier ?
Se
sont-ils remis de leurs illusions ou sont-ils devenus plus réalistes après
avoir évaluer les quatre premières années au pouvoir de leur idole ?
D’une
part, il serait intéressant de remarquer que si l’enthousiasme à la veille de
la toute première élection du candidat
noir avait été suscité en partie par le secret intime de voir enfin quelqu’un
émanant d’une minorité diriger les États-Unis et que comme nous l’avons dit un
peu plus haut, cela représentait un symbole fort de voir l’impossible se
réaliser dans la vie de tout un chacun ; il est tout aussi logique de
constater qu’une fois ce rêve secret atteint, il n’était plus d’actualité et rentrait
alors dans la catégorie des acquis. Ce qui pourrait justifier l’érosion
partielle de la joie des supporters d’antan à l’annonce de la réélection du
candidat sortant.
D’autre
part, la fameuse phrase: « les états africains n’ont pas besoin d’hommes forts
mais d’institutions d’état fortes. » prononcée par M. Obama, au
Ghana, lors de sa toute première visite
en Afrique aux lendemains de son élection a du mettre les pendules à l’heure
chez ceux qui pensaient que son arrivée à la tête de l’exécutif américain favoriserait la distribution de dons aux
états en développement. Ceux qui ont
nourri ce genre d’espoir, se sont rendu compte après quatre années d’exercice du pouvoir que, le présidentObama
est resté en phase avec lui-même, et qu’ils avaient nourri seulement que des
illusions.
Dès lors
comment s’étonner de ce que la liesse populaire engendrée par sa toute première
accession à la magistrature suprême se soit émoussée ou du moins ait baissée en
intensité, lorsqu’on apprend que M. Barack Obama, fut-il toujours admiré, est reconduit à la tête de l’exécutif des
États-Unis, pour quatre années encore?
Ces
supporters d’hier doivent aujourd’hui se
poser une seule question : Barack Obama président, et après ?Ces supporters d’hier savent qu’ils
peuvent s’entendre à tout, sauf rêver.Le rêve de croire que le progrès, la
justice et l’égalité, des valeurs qui constituent le fondement de la démocratie
américaine leur seront donné.
Les
africains, farouches supporter de M. Obama tirent maintenant les leçons de ces
élections américaines qui ont porté un noir au pouvoir ; Et, ces leçons
valent plus que des dons auxquels ils s’attendaient.
Dans une
démocratie où les actes sont en phase avec les paroles. Dans un régime où tout
citoyen indépendamment de son origine, de son statut social, de se religion, de
sa race, peut postuler à la magistrature suprême pour peu qu’il soit en règle
avec les lois du pays. Les africains ne peuvent que prendre pour modèle un tel
régime ou une telle démocratie.
Avec une
telle démocratie, les institutions ne peuvent qu’être fortes. Du coup, l’on
comprend aisément le sens de la fameuse phrase de M. Obama lorsqu’il était de
passage au Ghana juste après sa toute première élection. Les africains ont
besoin d’institutions d’état fortes et non d’hommes d’état forts.
Les
Etats-Unis ont démontré qu’ils étaient une véritable nation avec l’élection d’Obama.
Une nation se reconnait par ses valeurs, son identité. Ce sont là des éléments
qui fondent une nation. Le Progrès, l’Egalité et la Liberté n’ont pas de
couleur, encore moins des origines. Si les Africains parviennent à tirer le
meilleur parti des ces élections américaines où le vaincu appelle le vainqueur
pour l’en féliciter et se mettre à sa disposition et travailler ensemble, alors
nos états africains auront reçu le meilleur don qui soit avec le passage d’un
des leurs à la maison blanche.
Ils
pourront alors à l’unisson dire merci, un grand merci au premier président noir
américain : Barak, Hussein Obama.