J’ai visité récemment le bâtiment abritant le siège
du ministère de la culture d’un pays de l’Afrique de l’Ouest. J’ai trouvé une
jolie villa mais bien modeste.
J’ai voulu pousser un peu plus loin ma curiosité.
Alors, je me suis dis pourquoi ne pas visiter les bâtiments des autres
ministères ? Je me suis rendu au ministère des mines et celui de
l’économie et des finances. Et là, ma surprise fut grande !
Chacun de ces édifices pouvait contenir dix, voire même vingt fois celui du ministère de la
culture.
En tant que professionnel de l’éducation et homme de
culture, je me suis toujours convaincu de l’idée que :
« l’épanouissement authentique d’un état ou d’une nation dépendait pour
une bonne part de la place que l’on accordait à l’éducation et à la culture ».
Cette tendance qui consiste à avoir de modestes
sièges pour le ministère de la culture et des sièges outrageusement ostentatoires pour certains
ministères est un phénomène propre à nombres d’états subsahariens. Cela dénote
de la vision étriquée qu’ont à tort où à raison la plupart de nos dirigeants en
ce qui concerne surtout nos cultures. Voir la culture comme quelque chose de
non productif pour nos pays est à mon sens pour beaucoup dans l’épanouissement bâclé
de nos populations et pour la place flottante qu’occupent nos pays dans le
gotha des nations.
L’éduction et la culture sont le terreau pour
favoriser l’épanouissement total et intégral de nos populations. Si l’éducation
permet de tirer le meilleur chez chaque citoyen, la culture a pour rôle de
cultiver cela. La culture est le moule ou l’outil de « production »
de citoyens désirés et nourris en amont. Nos pays, on le sait regorgent d’une
diversité culturelle extraordinaire. C’est le cas de la côte d’ivoire où nous
avons une dizaine de groupes ethniques avec des cultures toutes aussi riches
que variées.
Prendre conscience de cela et créer des valeurs à
partir de là pour bâtir une nation autonome, responsable et émergeant, tel à mon avis le défi qui s’impose à nous
aujourd’hui. Pour ce faire, il nous faut des personnes qui n’ont seulement
auront compris cela mais de telles personnes devraient être à même d’élaborer
une politique globale et cohérente dans le but de donner une nouvelle direction,
un nouveau cap à nos états.
De tels leaders devront être véritablement
imaginatifs de sorte à toucher le cœur de leurs concitoyens y compris ceux qui
ont en charge les affaires de l’état et partager avec eux la vision culturelle à court, moyen et long terme qu’ils ont de
leur pays.
Dans une société en constante mutation où l’égo a pris le pas sur tout. Dans
un monde où d’après l’expression de Thomas Hobbes : « l’homme est loup pour
l’homme ».
La seule alternative possible pour un renouveau se
trouve dans une éducation authentique et dans nos cultures. Car comme le dit
Daisaku Ikeda, éducateur et philosophe humaniste : « la foi nourrit l’esprit,
la culture nourrit l’intellect ». Nos cultures regorgent de valeurs
vitales auxquelles nous devrons nous ressouvenir. Le moment est arrivé pour que
les leaders de la chose culturelle entrent en jeu afin de tracer et aider à
mettre sur pied une politique capable de réconcilier nos populations avec elles
mêmes.
C’est la mission que je me suis assignée en tant que
jeune ivoirien et acteur dans le domaine de l’éducation et de la culture. En
tant qu’écrivain essayiste, dans mon prochain ouvrage intitulé :
« Plaidoyer pour une nouvelle Afrique », je donne quelques pistes
pratiques pour asseoir une identité culturelle non seulement de la Côte d’Ivoire
mais aussi pour les autres états.
Il me semble qu’une place de choix devrait être
accordée à la dimension culturelle de nos états. Sans cela les politiques de développement
élaborées ça et là resteront lettres mortes.
Dans mon ouvrage en rédaction :
« Plaidoyer pour une nouvelle Afrique », j’ai jugé les questions suivantes urgentes:
Quelles sont les potentialités culturelles
réelles dont dispose la côte d’ivoire ?
Quel type d’ivoirien souhaiterions-nous voir émerger
dans cinquante ou cent ans ?
La côte d’ivoire dispose t-elle d’une politique
culturelle cohérente élaborée dans ce sens de façon participative et sans
exclusion ?
Quelles actions concrètes pourrions-nous mener sur
le terrain afin d’atteindre le but commun : notre identité
culturelle ?
Je m’efforce donc tout au long de l’ouvrage à
apporter une réponse claire et concise à la fois à chacune des questions
posées.
Une bonne gouvernance culturelle suppose d’abord une
politique culturelle bien élaborée ensuite la sensibilisation de tous à cette
politique puis enfin sa mise en application pratique.
Les programmes socio-éducatifs pourraient s’en
imprégner, la société civile, ainsi que les autres sphères de la société. De sorte que graduellement cela devienne une
véritable culture de laquelle émergera un nouveau type de citoyen.
Pour ce faire, encourager la société civile à jouer
un rôle prépondérant dans ce domaine devrait être une des priorités. Une
culture à la citoyenneté est aujourd’hui importante. Le système éducatif
traditionnel ayant démontré ses forces et faiblesses.
Un leadership culturel pourrait aider à la mise en
place d’une politique adaptée aux exigences d’aujourd’hui en côte d’ivoire. La
culture est tout ensemble de savoir, de savoir faire, de savoir être. C’est un
ensemble d’acquis toujours perfectible propre à un peuple mais ouvert à
d’autres peuples. C’est le pont des esprits.
Si nous parvenons en Côte d’Ivoire à saisir
l’essentiel de la culture de chaque peuple. Il va s’en dire que le bénéfice ne
pourra que profiter à tous. Sensibiliser nos populations par exemple aux
alliances interethniques, c’est éviter les divisions et conflits nés
d’incompréhensions. Les alliances interethniques sont une réalité léguée par
nos ancêtres. C’est un outil culturel qui, administré à bon escient aiderait à
prévenir beaucoup de conflits.
Un leadership culturel avec une bonne gouvernance
aideraientt à promouvoir de tels outils. Il nous incombe
en tant qu’acteurs culturels de nous armer de patience afin de jouer pleinement
notre rôle de leader dans ce domaine, sur la scène notre mission. Notre passion pour
la culture est un allié sur lequel nous pourrions compter. Observer, écouter,
innover, concevoir une politique qui soit à la foi souple, rigoureuse et
savamment administrée dans le domaine de la culture tel est à mon sens le
contenu de notre rôle.
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